Le collectif 07 STOP AU GAZ DE SCHISTE affirme son refus de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère et autres hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste, huiles lourdes, gaz de réservoir compact, gaz de couche, sables bitumineux ...) et de tous hydrocarbures dont l’extraction nécessite l’utilisation de techniques, quel que soit leur nom, nécessitant de fracturer, stimuler, acidifier ou encore de fissurer la roche et ayant pour conséquence de porter atteinte à son intégrité. Il s’oppose à l’aberration économique, sanitaire, environnementale et climatique aux conséquences désastreuses que constituent ces projets pour les départements impactés. Il promeut une transition énergétique, écologique et solidaire.

Après 7 années de lutte, du rassemblement de Villeneuve de Berg 2011 au rassemblement de Barjac en 2016 jusqu’à la loi Hulot 2017, sont enfin abrogés, annulés ou rejetés tous les permis de recherche de l’Ardèche, du Gard, de la Drôme, de l’Isère, de Savoie, du Vaucluse, du Var, des Bouches du Rhône, de l’hérault. Toutefois, AILLEURS, d’autres sont encore valides et la lutte continue : En savoir plus

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Fuite en avant au Canada

lundi 11 mai 2020

OTTAWA PRÊTERA DES MILLIONS POUR LE GAZODUC COASTAL GASLINK

En pleine crise de la COVID-19, Exportation et développement Canada vient d’accorder un prêt pouvant atteindre 500 millions de dollars à la multinationale TC Energy (ex TransCanada) pour l’aider à financer la construction du gazoduc Coastal Gaslink de 670 kilomètres en Colombie-Britannique.

Cette conduite, dont les travaux de construction ont déjà débuté et dont les coûts sont estimés à 6,6 milliards, transportera du gaz naturel exploité par fracturation jusqu’à la côte ouest, où il sera liquéfié dans le complexe industriel de LNG Canada, en vue de son exportation par navires méthaniers.

Pourquoi avoir décidé d’accorder ce « soutien » aux promoteurs, qui en avaient fait la demande quelques mois auparavant ? « À titre d’organisme de crédit à l’exportation du Canada, nous avons le mandat de soutenir les exportateurs canadiens et de développer le commerce du pays. Nous sommes fermement résolus à faciliter le commerce dans le respect de nos engagements au chapitre de la responsabilité et de la durabilité », a répondu EDC, par courriel.

« Selon l’entreprise, le projet créera, durant la construction qui s’étendra sur quatre ans, plus de 2000 emplois et occasions d’affaires, notamment pour les entreprises locales et autochtones le long du tracé », a ajouté la société d’État fédérale. EDC dit avoir procédé à « un contrôle préalable rigoureux » avant d’accorder le prêt. « EDC évalue les risques financiers ou non financiers liés aux transactions potentielles et détermine si celles-ci respectent nos politiques, notamment celles sur l’environnement, les changements climatiques, les droits de la personne, la performance sociale et l’intégrité des entreprises. »

Le cabinet de la ministre de la Petite entreprise, de la Promotion des exportations et du Commerce international, Mary Ng, assure par ailleurs que la société d’État EDC est « indépendante du gouvernement du Canada » dans ses décisions de soutien financier. Dans ce cas, le prêt provient du « compte commercial », ce qui n’impliquerait pas de fonds publics.

Blocages

Le projet Coastal Gaslink a toutefois soulevé une vive controverse au cours des derniers mois, en raison de l’opposition de la nation wet’suwet’en au passage du gazoduc sur son territoire ancestral. Dans la foulée d’une intervention de la Gendarmerie royale du Canada sur ce territoire, plusieurs blocages de voies ferrées avaient été organisés un peu partout au pays, notamment au Québec.

Même si les promoteurs ont signé des ententes avec plusieurs nations autochtones situées le long du tracé du gazoduc, ils se butent encore aujourd’hui à une opposition de la part de chefs héréditaires wet’suwet’en. Ceux-ci ont certes convenu d’un « protocole d’entente » avec le fédéral pour « affirmer et mettre en œuvre les droits et le titre » de cette Première Nation, mais ce processus ne règle pas le contentieux sur la construction du gazoduc en territoire autochtone.

Dans son sommaire de décision de financement, EDC reconnaît d’ailleurs que « le projet continue de susciter l’opposition d’un groupe de chefs héréditaires de la Première Nation wet’suwet’en, qui affirment être les décideurs légitimes de cette nation, ne pas avoir été dûment consultés et ne pas avoir consenti au projet ». La société d’État estime toutefois que le promoteur TC Energy « a démontré une grande capacité à gérer les risques environnementaux et sociaux », et notamment les questions liées aux Premières Nations.

Le porte-parole de Greenpeace Canada, Patrick Bonin, dénonce cette décision de financement du gouvernement Trudeau en insistant sur l’opposition au gazoduc. « Autoriser ce gazoduc est en totale contradiction avec son engagement à respecter les droits des Premières Nations et le financer ajoute l’insulte à l’injure. Le gouvernement doit annuler ce financement qui va à l’encontre de ses intentions de relance verte et qui cannibalise des fonds qui pourraient plutôt être utilisés pour accompagner les travailleurs et les communautés dans la transition vers les énergies vertes. »

Gaz à effet de serre

En plus du gazoduc, une usine de liquéfaction sera construite à Kitimat par LNG Canada, une entreprise détenue par des multinationales du secteur des énergies fossiles, dont Shell, Petronas et PetroChina. Le gouvernement fédéral lui a accordé l’an dernier 275 millions de dollars de fonds publics pour la réalisation du mégaprojet, évalué à 40 milliards.

Le premier ministre Justin Trudeau a déjà dit que ce complexe gazier « fera beaucoup pour l’environnement », puisqu’il contribuerait à la réduction de la consommation de charbon en Asie. « C’est un vote de confiance envers un pays qui reconnaît la nécessité de développer ses ressources énergétiques tout en tenant compte de l’environnement, et qui travaille avec les communautés autochtones dans lecadre d’un véritable partenariat », avait en outre affirmé le premier ministre, au moment où LNG Canada avait confirmé son intention de réaliser le projet, en octobre 2018.

Le projet de mise en marché de gaz naturel permettra d’exporter environ 20 % de toute la production de gaz du Canada, selon les données du gouvernement fédéral. Il est question d’exporter chaque année 26 millions de tonnes gaz naturel liquéfié, soit plus du double du projet GNL Québec. Selon une analyse produite par l’Institut Pembina, le mégaprojet, conçu pour exporter pendant au moins 30 ans une production gazière issue de la fracturation, doit générer chaque année 8,6 millions de tonnes de gaz à effet de serre en territoire canadien.

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