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Repsol tourne la page des recherches d’hydrocarbures au large des Canaries
vendredi 16 janvier 2015
REPSOL TOURNE LA PAGE DES RECHERCHES D’HYDROCARBURES AU LARGE DES CANARIES
Repsol a mis vendredi un terme à la recherche d’hydrocarbures au large des l’archipel espagnol des Canaries, une nouvelle accueillie avec soulagement par les écologistes mais pas par le gouvernement, qui cherche à réduire la dépendance énergétique de l’Espagne.
Le groupe pétrolier a annoncé n’avoir détecté qu’une présence insuffisante de gaz et de pétrole dans des eaux profondes, à une cinquantaine de kilomètres des îles Lanzarote et Fuerteventura, réputées pour leurs paysages volcaniques et leurs plages. La qualité et les volumes des échantillons obtenus ne sont pas suffisants pour "envisager un possible forage", a-t-il fait savoir.
"Les dépôts découverts sont saturés d’eau et les hydrocarbures présents sont disposés en couches très fines non-exploitables", explique Repsol. Par conséquent le groupe ne procédera pas à d’autres sondages dans la zone et renvoie le bateau utilisé pour ces recherches en Angola, où il procède à d’autres campagnes d’exploration.
Repsol, en passe d’avaler son concurrent canadien Talisman Energy, cherchait des hydrocarbures depuis la mi-novembre au large des îles touristiques des Canaries, face aux côtes africaines. Avant de procéder au premier sondage jusqu’à 3.000 mètres de profondeur en mer, il estimait à entre 17 et 19% ses chances de tomber sur un gisement.
Ce projet vieux de plus de dix ans avait provoqué l’ire des écologistes et des élus locaux, inquiets des conséquences pour l’environnement et pour le tourisme, principale activité économique de la région qui en 2013, a accueilli près de 10,5 millions de visiteurs.
La puissante association Greenpeace a encore dénoncé vendredi les travaux menés par Repsol. Elle "exige que la multinationale et le gouvernement évaluent l’impact de leurs opérations et la manière dont elles ont affecté la faune et la flore de la zone", évoquant les risques d’une "pollution acoustique" et chimique, dans une zone qui accueille selon elle une trentaine d’espèces de cétacés et six espèces de tortues marines.
Greenpeace avait envoyé en novembre son navire Arctic Sunrise dans la zone pour dénoncer les prospections mais il avait été mis sous séquestre par les autorités.
Pour l’association espagnole "Ecologistes en action", le gouvernement doit à présent revenir sur les autres permis d’exploration pétrolière accordés au large des régions côtières et de l’archipel des Baléares, en Méditerranée.
Mauvaise nouvelle pour Madrid
La nouvelle constitue un revers pour le gouvernement, qui soutenait les projets de Repsol. "C’est une très mauvaise nouvelle pour les Canaries et pour l’Espagne", a réagi à la radio Onda Cero le numéro deux du ministère de l’Industrie, Enrique Hernandez Bento.
Madrid avait donné son feu vert à la société pour procéder à trois sondages dans la zone. Il avait ensuite fait bloquer par le tribunal constitutionnel un référendum que voulait organiser le président des Canaries Paulino Rivero, opposé à l’exploitation pétrolière. Ce dernier s’est empressé de saluer la nouvelle, estimant que "l’échec de Repsol est le succès de toutes les Canaries".
Madrid comptait sur la découverte d’hydrocarbures pour réduire la grande dépendance énergétique du pays. L’Espagne importe actuellement environ 80% de son énergie.
Repsol de son côté faisait miroiter les importants investissements prévus pour les sondages pétroliers —280 millions d’euros— et des créations d’emplois. Cette question est sensible dans les sept îles des Canaries, où le taux de chômage dépasse les 30%, contre près de 24% pour l’ensemble du pays.
Pour autant, ces arguments n’avaient pas convaincu la population. Les trois-quart des habitants de l’archipel étaient opposés aux prospections pétrolières, selon une étude réalisée en novembre par le gouvernement régional.
Le groupe pétrolier espagnol va se concentrer dans les prochains mois sur l’acquisition en cours du canadien Talisman Energy, qui lui permettra selon lui d’entrer dans la cour "des quinze plus grands".
Repsol, sorti d’Argentine en 2014, entend ainsi renforcer sa présence en Amérique du Nord et en Amérique latine et se lancer sur le marché asiatique.
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