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Le crédit subprime du pétrole de schiste, une vraie menace
samedi 13 décembre 2014
LE CRÉDIT SUBPRIME DU PÉTROLE DE SCHISTE,
UNE VRAIE MENACE
Les Américains allaient redevenir les rois du pétrole ; l’Etats-Unis-Saoudite était née grâce au pétrole et gaz de schiste, les Etats-Unis redevenaient exportateurs nets d’énergie… C’était l’idée vendue fin 2013. C’était le bon temps du pétrole à 100 $.
Un an plus tard, avec la chute du baril de pétrole, la question se pose de savoir si les mauvais crédits accordés dans le secteur de l’énergie de schiste ne pourraient pas déclencher une nouvelle catastrophe de l’ampleur de celle du crédit subprime.
L’exploitation des gaz et pétrole de schiste par forage horizontal n’est pas une idée neuve. Beaucoup de projets sommeillaient dans des fonds de tiroir d’ingénieurs pétroliers.
Ils y sommeillaient faute de rentabilité. Mais voilà, en 2009, la conjonction de taux d’intérêt très faibles et d’un prix élevé du pétrole permettait de les regarder d’un oeil neuf. En 2008, le pétrole frisait les 150 $ le baril ; la crise l’a fait retomber à 30 $ le baril mais dès la fin de 2009, il dépassait à nouveau 80 $ le baril. Avec des taux d’intérêt à presque zéro pour très longtemps et une tendance haussière de l’or noir, les pétroliers ont refait leurs comptes. Le coup pouvait être tenté...
Ce fut alors la ruée vers le pétrole de schiste... avec des financements par l’emprunt.
Les investisseurs s’arrachèrent la dette émise par des petites entreprises, mal notées, mais du papier qui rapportait quelque chose dans une morne plaine de taux désespérément bas. Les puits se multiplièrent au nord-ouest du golfe du Mexique.
Petit problème, la plupart de ces puits extraient du pétrole à un prix de revient compris entre 75 $ le baril et 186 $ le baril, selon Bloomberg. La moyenne est plutôt vers 85 $ – 90 $ le baril.
Il n’a pas échappé à votre profonde sagacité, cher lecteur, que le pétrole cotait actuellement 61 $ le baril.
Par ailleurs, une grande banque d’affaire américaine Morgan Stanley a indiqué spéculer sur un retour à 43 $ le baril.
Les entreprises qui ont émis de la dette et comptent payer les intérêts en vendant du pétrole à 80 $ ont donc un petit problème de trésorerie. Et les marchés financiers en ont un plus gros. De quelle taille exactement ?
Des signes inquiétants
La dette dite haut rendement (high yield ou plutôt junk bonds, soit obligations pourries) représenterait environ 900 milliards de dollars, soit 15% du secteur obligataire américain du haut rendement. Le premier défaut a eu lieu en mai 2014, avant même le début de la baisse du pétrole. Une très modeste faillite de 1,3 milliard, pour le moment. Mais depuis octobre, l’écart de rendement des obligations pourries du secteur de l’énergie s’est écarté de façon très menaçante du rendement moyen de l’ensemble des obligations pourries. C’est mauvais signe : les investisseurs prennent peur et vendent.
Toute la question est de savoir si l’effondrement de ce secteur peut provoquer une hausse des taux par contagion du secteur obligataire à haut rendement en général.
Face à l’avidité des investisseurs en quête d’un peu de retour sur capital, de nombreux fonds high yield se sont créés. Ces fonds peuvent se retrouver confrontés à une multiplication de défauts des émetteurs. Ceux qui ont une mémoire supérieure à celle d’un poisson rouge se souviendront certainement des trois obscurs fonds immobiliers de BNP Paribas qui avaient été suspendus de cotation en août 2007, prémisse de la crise de 2008.
Mais évidemment, dans une telle situation, la réponse des autorités serait — comme toujours — à la hauteur de la situation. Il suffira de baisser les taux. Non ? Ce n’est plus possible ? Eh bien, il suffira de ne jamais les remonter, ce qui multipliera les mauvais investissements et vous verrez que finalement tout ira bien. Il restera toujours du goudron et des plumes pour Janet Yellen.
Lire l’article de Simone Wapler sur "La Chronique Agora"