Le collectif 07 STOP AU GAZ DE SCHISTE affirme son refus de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère et autres hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste, huiles lourdes, gaz de réservoir compact, gaz de couche, sables bitumineux ...) et de tous hydrocarbures dont l’extraction nécessite l’utilisation de techniques, quel que soit leur nom, nécessitant de fracturer, stimuler, acidifier ou encore de fissurer la roche et ayant pour conséquence de porter atteinte à son intégrité. Il s’oppose à l’aberration économique, sanitaire, environnementale et climatique aux conséquences désastreuses que constituent ces projets pour les départements impactés. Il promeut une transition énergétique, écologique et solidaire.

Après 7 années de lutte, du rassemblement de Villeneuve de Berg 2011 au rassemblement de Barjac en 2016 jusqu’à la loi Hulot 2017, sont enfin abrogés, annulés ou rejetés tous les permis de recherche de l’Ardèche, du Gard, de la Drôme, de l’Isère, de Savoie, du Vaucluse, du Var, des Bouches du Rhône, de l’hérault. Toutefois, AILLEURS, d’autres sont encore valides et la lutte continue : En savoir plus

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Une lutte exemplaire de 7 années

samedi 2 décembre 2023

LE COLLECTIF 07 STOP GAZ-HUILES DE SCHISTE :
UN MOUVEMENT DE LUTTE EXEMPLAIRE

Lorsqu’en 2010, l’information par voix de presse est parue que des permis d’exploration d’hydrocarbures non conventionnels avaient été délivrés un peu partout en France dont certains en Ardèche et dans le Gard, et après quelques recherches à propos de ces hydrocarbures, la surprise, l’indignation, le sentiment d’injustice et d’inquiétude, le sentiment d’intrusion, le manque de considération, de transparence, ont engendré une violente réaction contre cette décision non démocratique venant « d’en haut », des « bureaux parisiens ».

L’absence d’information et de concertation des citoyens et des élus a été la motivation première à la mobilisation et à la farouche volonté de s’opposer par tous les moyens à l’aberration économique, sanitaire et environnementale de ces projets aux conséquences désastreuses :

- NI ICI : une volonté de préserver son cadre, sa qualité et son choix de vie, son environnement, l’intégrité de son patrimoine foncier et paysager, ses ressources agricole et touristique.

- NI AILLEURS : une volonté de préserver ses valeurs et ses convictions contre ces décisions arbitraires et une volonté de faire prévaloir ses arguments pour l’intérêt général des territoires impactés.

L’adhésion s’est faite autour d’un sentiment identique : l’indignation et d’une même réaction : " le rejet ". Avec un objectif commun : la résistance et l’opposition.

Cette farouche volonté de faire échouer ces projets a été renforcée par le soutien de la population. L’identification au territoire, passerelle entre les natifs et non natifs a été une donnée importante de l’adhésion et de l’engagement à cette lutte qui se traduit par une forte mobilisation dans la durée et une mobilisation très intense lors des périodes "d’urgence".

Cela a entraîné un rassemblement au-delà des habituelles affinités et appartenances politiques, syndicales ou environnementales.

La grande manifestation de Villeneuve de Berg du 26 février 2011, qui a réuni plus de 18000 personnes, a été le moment fondateur du mouvement.

De ce mouvement convergent est né, début 2011, le COLLECTIF 07 STOP AUX GAZ ET HUILES DE SCHISTE qui s’oppose à l’aberration économique, sanitaire et environnementale, aux conséquences désastreuses pour les territoires impactés, de ces projets d’exploration et d’exploitation d’hydrocarbures non conventionnels et qui promeut une nécessaire transition énergétique, écologique et solidaire.

La forte motivation d’individus souhaitant apporter et partager leurs compétences (géologues, hydrogéologues, juristes, économistes, écologistes, infographistes, informaticiens, agriculteurs, etc.) ainsi que l’apport de structures associatives désireuses de faire bénéficier le mouvement naissant de leur expérience des luttes et mobilisations ont permis la création d’un mouvement qui s’est rapidement structuré en collectif.

L’apport des réseaux de chaque structure adhérente a permis d’élargir le champ d’action, le partage et la mutualisation des moyens et des supports, d’améliorer la capacité à se structurer par addition de compétences

C’est dans ces aspects autogestionnaires et collégiaux relatifs au fonctionnement que le Collectif 07 SGHDS a su mutualiser et fédérer démocratiquement les différents acteurs, sans qu’à aucun moment ne s’instaure une quelconque hiérarchie. La structuration adoptée reflète la diversité du mouvement et des acteurs impliqués. Elle permet d’exploiter au mieux la complémentarité et la mutualisation des compétences, la créativité individuelle et collective, créant ainsi une synergie au service du mouvement. C’est une véritable richesse.

Le Collectif 07 SGHDS se retrouve alors dans la position d’une fédération de structures hétérogènes : collectifs citoyens, associations, partis politiques, confédérations syndicales de travailleurs et syndicats professionnels, collectif des élus.

Si les associations, syndicats et partis politiques sont des groupes formels et structurés , les collectifs citoyens, informels par essence, peuvent être dans le besoin d’acquérir certaines compétences en matière de fonctionnement, de gouvernance, de communication interne … nécessaires au fonctionnement et à l’efficacité de tout collectif.

Le mode de fonctionnement autogestionnaire par opposition au mode hiérarchique habituel des associations, va demander à tous de réels efforts en matière de diplomatie et de pédagogie (échanges, débats, prise de décision au consensus …) pour la compréhension et la mise en pratique de ce type de fonctionnement autogestionnaire.

Le collectifs des élus (maires, départements, région, députés) a renforcé la légitimité et la détermination citoyenne.

 

UNE LUTTE EXEMPLAIRE

Ces années d’une lutte exemplaire et non-violente, de la manifestation de Villeneuve de Berg en 2011 à celle de Barjac du 28 février 2016, ont permis de remporter une victoire juste, légitime mais qui n’était pas acquise.

Pour cela il a fallu lutter contre des adversaires coriaces, des politiques indécises, une administration pas toujours à la hauteur et une législation défavorable. Mais il a aussi fallu lutter contre des forces internes.

Si, dans l’ensemble, le mouvement a réussi à fédérer les énergies et à coordonner la lutte dans une ambiance amicale voire souvent festive, des efforts ont été nécessaires dans bien des domaines afin que ce projet puisse être mené à bien.

Des formations internes ont été nécessaires pour acquérir des pratiques issues de mouvements d’éducation populaire et d’éducation à l’environnement et permettre une montée en compétence gage d’efficacité du mouvement :

- assurer le bon fonctionnement et la gouvernance du collectif : échanges, débats, prises de décision, coopération, communication non-violente, utilisation des outils numériques ...

- animer les groupes de travail et les réunions : écoute, échanges, débats, coopération ...

- permettre aux militants de créer, structurer et faire fonctionner un collectif local

- permettre aux militants actifs l’acquisition et la maîtrise des connaissances nécessaires à la vulgarisation et à la diffusion de l’information en matière scientifique et juridique

- mettre en place une procédure de surveillance du territoire et de blocage de travaux (VIA)

La rédaction d’une charte de conduite, basée sur le respect, la non-violence et l’adhésion du plus grand nombre à la lutte et définissant aussi les buts à atteindre, a créé un cadre commun à tous dans lequel chacun a pu s’insérer et se mouvoir.

La modération, l’écoute, la tolérance, la compréhension, la diplomatie, la pédagogie ont été nécessaires pour faire tourner la machine et en huiler les rouages afin d’obtenir l’efficacité maximale sans laquelle la réussite n’aurait pu être au rendez-vous.

Les actions menées tout au long de ses années l’ont été de manière conviviale et souvent festive. Cette ambiance joviale et fraternelle a permis de tisser des liens forts entre tous les militants. Elle a permis de tempérer des ardeurs quelquefois un peu trop vives, un peu trop émotionnelles. Elle a permis de synchroniser les volontés et les énergies en proposant des débats informels à propos de désaccords ou de divergences.

Même si cela est arrivé, et si c’était inévitable, peu de personnes se sont senties rejetées ou s’en sont allées car en désaccord avec la charte, le fonctionnement ou la non-violence. Très peu ont été obligées de se retirer avant d’être exclues pour des comportements violents, insultants et irrespectueux mettant en péril le fonctionnement du groupe.

Car, comme Laura Seguin l’exprime très bien dans sa thèse "Entre conflit et participation : double apprentissage dans un mini-public et un mouvement de contestation"(1), il existe des relations paradoxales entre conflit et participation à partir de la notion d’apprentissage.

Des expériences apparemment aussi opposées qu’une conférence de citoyens et une mobilisation collective entraînent des apprentissages politiques comparables – sinon identiques – chez les acteurs qui y prennent part. Ceux-ci apprennent à la fois à identifier les antagonismes (apprentissage du conflit) et à construire des accords collectifs (apprentissage de la participation ou de la délibération).

Cette aventure humaine a été très positive. Non seulement par son exemplarité avec la réussite à la clé mais aussi parce qu’elle a renforcé les liens entre de très nombreuses personnes et de nombreuses structures.

Elle a permis d’acquérir des connaissances et du savoir amenant à porter un autre regard sur la participation à une œuvre collective. Une prise de conscience s’est opérée à propos de la protection de l’environnement dans lequel notre espèce exerce ses activités.

Au final, cette aventure nous aura tous menés bien au-delà de ce que nous avions pu imaginer au départ et, aujourd’hui, nombreux sont ceux qui convergent vers d’autres mouvements de lutte (climat, transition énergétique et écologique …) plus forts, plus expérimentés, plus compétents qu’ils ne l’étaient auparavant tout en ayant le sentiment qu’un autre monde est possible et qu’il l’est dans la joie et la bonne humeur.

(1) La thèse de Laura Seguin