Le collectif 07 STOP AU GAZ DE SCHISTE affirme son refus de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère et autres hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste, huiles lourdes, gaz de réservoir compact, gaz de couche, sables bitumineux ...) et de tous hydrocarbures dont l’extraction nécessite l’utilisation de techniques, quel que soit leur nom, nécessitant de fracturer, stimuler, acidifier ou encore de fissurer la roche et ayant pour conséquence de porter atteinte à son intégrité. Il s’oppose à l’aberration économique, sanitaire, environnementale et climatique aux conséquences désastreuses que constituent ces projets pour les départements impactés. Il promeut une transition énergétique, écologique et solidaire.

Après 7 années de lutte, du rassemblement de Villeneuve de Berg 2011 au rassemblement de Barjac en 2016 jusqu’à la loi Hulot 2017, sont enfin abrogés, annulés ou rejetés tous les permis de recherche de l’Ardèche, du Gard, de la Drôme, de l’Isère, de Savoie, du Vaucluse, du Var, des Bouches du Rhône, de l’hérault. Toutefois, AILLEURS, d’autres sont encore valides et la lutte continue : En savoir plus

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Italie : lutte contre un gazoduc

vendredi 19 octobre 2018

DANS LE SUD DE L’ITALIE, DES PETITS VILLAGES
RÉSISTENT FACE À UN GAZODUC GÉANT

Long de 3.500 kilomètres, le « corridor gazier sud-européen » doit permettre à l’Europe de s’émanciper de la dépendance au gaz russe. Dans le sud de l’Italie, comme en d’autres points du tracé intercontinental, des habitants défendent leur terre contre cette infrastructure imposée.

Lire l’article de Andrea Fuori sur Reporterre

EXTRAITS :

San Foca (Salento, Italie), reportage

Depuis plus d’un an et demi, la région du Salento, à l’extrême sud de l’Italie, vit au rythme de la résistance à une immense chaîne de gazoduc intercontinental de 3.500 km et 45 milliards d’euros. Dénommé « corridor gazier sud-européen », il acheminerait 10 milliards de m³ de gaz de l’Azerbaïdjan jusqu’au nord de l’Italie.

Dans cette région peu habituée aux conflits, des centaines d’habitants se mobilisent pour empêcher la construction de son dernier maillon, le Trans Adriatic Pipeline (TAP), qui, après être passé par la Géorgie, la Turquie, la Grèce et l’Albanie, remonterait sur 800 km jusqu’au nord du pays pour un coût de 4,5 milliards d’euros.

Le nouveau gouvernement italien devait se prononcer mercredi 17 octobre sur l’avenir de ce projet contesté, mais en raison de désaccords internes, il a reporté sa décision de « quelques jours », selon la principale agence de presse italienne.

Dans le petit village portuaire de San Foca entouré de champs d’oliviers et de murets de pierres sèches, les drapeaux du mouvement No TAP flottent sur la façade des restaurants, des commerces et de la mairie. « Tout a commencé en mars 2017, quand ils ont commencé à détruire nos oliviers pour installer leur chantier », raconte Anna-Maria, retraitée. Localement, le TAP devrait réaliser trois chantiers : la pose de tubes en mer, la construction d’un « microtunnel » pour le raccordement mer-terre (à San Foca) et une « centrale de dépressurisation » à Melendugno. « Ici, c’est sec, l’agriculture donne peu, les oliviers sont notre fontaine de Jouvence. Y toucher, c’est toucher à nos ancêtres. »

- « Je suis comme l’esclave d’une mafia sur mon propre territoire »

Pour neutraliser l’opposition populaire, depuis un an la répression est devenue massive. Sur le front de mer du village côtier de San Foca, juste à côté du chantier, les patrouilles incessantes des carabinieri remplacent les touristes dès la fin de la saison d’été. En lisière de la plage, alors qu’autour des paysans travaillent dans les champs d’oliviers, les 3 hectares du chantier du microtunnel sont gardés telle une forteresse de béton par des grillages et des barbelés à double tranchant. « Ils ont même construit des filets de 8 m de haut pour éviter les jets de pierre ! » À l’intérieur, caméras, vigiles et carabinieri veillent sur les machines. Le presidio, sous la pression, a été démonté en septembre 2018.

- « Quand j’ai réalisé comment la répression reprenait les méthodes fascistes, je me suis engagée »

« En un an, près d’une vingtaine d’interdictions de territoire ont été décrétées. Une cinquantaine de procès ont eu lieu, et près d’une cinquantaine sont à venir, récapitule Elena Pappadia, une des avocates du mouvement. Quand j’ai réalisé ce manque de démocratie et comment la répression reprenait les méthodes fascistes, je me suis engagée. » Elle travaille gratuitement à la défense des militants et à documenter la répression, jugeant son rôle « au même niveau que tout le monde, dans la lutte ».

- « Ils veulent diviser le gazoduc en plusieurs tronçons pour nous séparer, mais notre lutte doit unir les opposants en suivant le tracé ! »

« Ils veulent diviser le gazoduc en plusieurs tronçons pour nous séparer, mais notre lutte doit unir les opposants en suivant le tracé ! » explique Gianluca Maggiore, porte-parole du mouvement No TAP. En Grèce, la lutte commence à se structurer. Et dans le reste de l’Italie, de nombreux comités fleurissent tout au long du tronçon : en avril 2018, ils étaient 10.000 à manifester un peu plus au nord, à Sulmona, contre le tronçon local du projet, Snam.

« Il faut aussi se fédérer pour lutter contre la répression, explique Gianluca Maggiore. On observe partout dans le monde une criminalisation des mouvements, une guerre invisible sur ceux qui défendent leurs terres ! » Du 5 au 7 octobre, l’oratoire de l’église (No TAP) de Borgnagne accueillait la première rencontre internationale sur la répression dans les luttes contre l’extractivisme.

Lire l’article de Andrea Fuori sur Reporterre