Le collectif 07 STOP AU GAZ DE SCHISTE affirme son refus de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère et autres hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste, huiles lourdes, gaz de réservoir compact, gaz de couche, sables bitumineux ...) et de tous hydrocarbures dont l’extraction nécessite l’utilisation de techniques, quel que soit leur nom, nécessitant de fracturer, stimuler, acidifier ou encore de fissurer la roche et ayant pour conséquence de porter atteinte à son intégrité. Il s’oppose à l’aberration économique, sanitaire, environnementale et climatique aux conséquences désastreuses que constituent ces projets pour les départements impactés. Il promeut une transition énergétique, écologique et solidaire.

Après 7 années de lutte, du rassemblement de Villeneuve de Berg 2011 au rassemblement de Barjac en 2016 jusqu’à la loi Hulot 2017, sont enfin abrogés, annulés ou rejetés tous les permis de recherche de l’Ardèche, du Gard, de la Drôme, de l’Isère, de Savoie, du Vaucluse, du Var, des Bouches du Rhône, de l’hérault. Toutefois, AILLEURS, d’autres sont encore valides et la lutte continue : En savoir plus

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Alimentation ; qui veille au grain ?

vendredi 24 avril 2020

QUI VEILLE AU GRAIN POUR DEMAIN ?

Résumé de l’article "Des Greniers d’Abondance"

La pandémie de Covid-19 et les mesures prises pour y faire face sont à l’origine d’une crise sanitaire et économique qui surprend par son ampleur et sa rapidité. Le secteur de l’alimentation est particulièrement critique, puisqu’il conditionne la stabilité sociale et, tout simplement, notre capacité à rester en vie.

Dans cet article, nous résumons les effets directs de la crise sanitaire sur le système alimentaire des pays industrialisés. Nous examinons alors les conséquences prévisibles — et pour partie déjà observables — d’une récession économique sur la sécurité alimentaire mondiale. Enfin, nous élargissons le cadre d’analyse en considérant d’autres types de menaces.

Comme nous allons le voir, la sécurité alimentaire mondiale va probablement connaître une dégradation importante dans les mois à venir. A moyen terme, la crise sanitaire devrait voir ses effets dilués dans une accumulation de crises bouleversant en profondeur le système alimentaire industrialisé.


1) LE SYSTÈME ALIMENTAIRE MIS À L’ÉPREUVE

Le système alimentaire comprend l’ensemble des activités mises en place par une société pour produire, transformer, transporter et consommer la nourriture. La plupart sont directement affectées par les mesures de confinement et la mise à l’arrêt brutale d’une grande partie de l’économie nationale. Depuis les fermes jusqu’à la vente de détail, en passant par les usines de l’agroalimentaire et la logistique, chaque maillon du système doit faire face au manque d’effectifs, aux difficultés d’approvisionnement ou à la disparition de débouchés.

- perturbation des chaînes logistiques
- la fermeture des frontières occasionne un déficit de main d’œuvre
- les récoltes de fruits et légumes frais devraient se faire plus rares cet été
- certaines filières sont bouleversées par la disparition de leurs débouchés
- des importations, qui couvrent 50 % de notre consommation nationale de fruits et légumes, menacées
- les industries agroalimentaires connaissent une forte baisse d’activité
- l’Espagne autorise le travail des migrants sans-papier

La crise révèle plus largement le rôle central de la logistique dans le fonctionnement du système alimentaire.

- des stocks d’un mois disponibles mais dispersés sur toute la chaîne logistique (silos, usines, entrepôts)
- le transport routier en baisse d’activité faute de marchandises non-alimentaires pour le retour
- des phénomènes attendus en situation de crise dans les foyers (achats massifs de produits de grande consommation pour constituer des réserves)

L’approvisionnement direct auprès des producteurs connaît un réel essor, mais la grande distribution capte néanmoins l’essentiel des reports d’achats, avec notamment une explosion des drives et des livraisons.

Pour résumer, la situation en France après un mois de confinement met en évidence certaines vulnérabilités de notre système alimentaire. Nous sommes fortement dépendants de la main d’œuvre étrangère, avons peu de stocks, et comptons sur un transport intensif et permanent. De nombreuses exploitations et entreprises spécialisées sont fragiles économiquement, et la précarité alimentaire est latente. La population et les autorités ne sont pas préparées à un dysfonctionnement du système.

Si le risque de pénurie dû aux effets immédiats de la crise sanitaire semble écarté, la situation pourrait nettement se dégrader dans les mois à venir, aussi bien en France qu’à l’échelle mondiale.

 

2) Le plus dur reste à venir

Passé le pic épidémique et la période de confinement strict, la crise sanitaire devrait se muer en une crise économique de grande ampleur. La sécurité alimentaire de populations à faibles revenus, voire de pays entiers, pourrait alors être menacée. En France, de nombreuses exploitations agricoles, déjà fragiles économiquement, seront contraintes de cesser leur activité sans mesures de soutien.

- Les marchés mondiaux pourraient se gripper
La sécurité alimentaire mondiale pourrait rapidement se dégrader, alerte l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

- Encore faut-il gagner son pain…
Au-delà de l’instabilité des marchés, les conditions de revenu des consommateurs sont gravement menacées.

- La production suivra-t-elle ?
Les agriculteurs ne seront pas épargnés par le choc économique. En France, comme dans de nombreux pays, ils appartiennent à la catégorie professionnelle au plus fort taux de pauvreté, et souffrent depuis longtemps d’une répartition inégale de la valeur au sein du système alimentaire.

Sur 100 euros d’achats alimentaires, seuls 6,5 euros sont perçus par les agriculteurs français . Le reste est majoritairement capté par des acteurs bénéficiant d’un fort pouvoir de négociation suite à la concentration économique historique des secteurs de l’agro-fourniture, de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution.

Par ailleurs, les agriculteurs se sont massivement endettés ces dernières décennies, ce qui complique une restructuration de leur activité pour faire face à la crise.

Tout cela rend de nombreuses exploitations très fragiles économiquement : hors subventions, la moitié d’entre elles auraient un résultat négatif. Sans mesures spécifiques, des faillites sont donc à prévoir chez les producteurs touchés par le manque de main d’œuvre, la perte de débouchés ou la chute des cours. Cela viendrait accélérer le déclin rapide de la population agricole, dont le nombre devrait diminuer d’un quart d’ici 2030

 

3) L’arbre qui cache la forêt

Épuisement des ressources énergétiques, changement climatique, effondrement de la biodiversité : la pandémie n’a malheureusement pas fait disparaître ces menaces. De nombreuses organisations exhortent le monde politique et économique à un changement de cap radical pour l’après-Covid-19. Que nous réservent ces menaces sur le plan alimentaire ?
- demande de pétrole en berne, et bientôt l’offre
- effondrement du cours du baril actuel
- producteurs américains de pétroles de schistes droit vers la faillite
- déclin structurel des gisements dits « conventionnels »

Il est donc probable que le pétrole vienne à manquer pour les plans de relance de sortie de crise.

Les prévisions climatiques restent inchangées

L’arrêt brutal d’une grande partie de l’activité économique marque une atténuation ponctuelle de la pression exercée par les sociétés industrialisées sur l’environnement. De nombreux observateurs relèvent une baisse de la pollution atmosphérique, des émissions de gaz à effet de serre, ou de la consommation de matériaux et d’énergie. Cela démontre que nous avons la capacité physique d’agir, mais ne doit pas nous donner l’illusion que nous avons commencé à résoudre nos problèmes !

Cet infléchissement ponctuel n’a presque aucune incidence sur les crises écologiques globales, qui résultent de plusieurs décennies de développement incompatible avec les limites planétaires. Nous devrons faire face dans les années qui viennent à une aggravation majeure de ce dérèglement.

Le secteur agricole est particulièrement à risque : le niveau moyen d’humidité des sols correspondra vraisemblablement dans 30 ans aux records de sécheresse d’aujourd’hui dans de nombreuses régions, d’après les modélisations de laboratoires français. Les sécheresses exceptionnelles que nous connaîtrons alors seront des événements destructeurs inédits en Europe. Des marges de manœuvre existent pour adapter les systèmes agricoles à ces évolutions, mais une baisse tendancielle des rendements, ainsi que des crises sévères, sont à anticiper pour les années qui viennent.

La destruction silencieuse se poursuit

La destruction des habitats et la prédation du monde sauvage favorisent la transmission de pathogènes. Les élevages intensifs et génétiquement homogènes pourraient quant à eux jouer un rôle d’incubateur.

Leurs fonctions écologiques se dégradent silencieusement, et rendent les écosystèmes cultivés de plus en plus vulnérables face aux prochaines crises, comme la propagation d’une maladie ou une catastrophe climatique

 

CONCLUSION

La crise du Covid-19 agit comme révélateur de la complexité du système alimentaire et met en lumière nombre de ses vulnérabilités. Elle pourrait provoquer des crises politiques et économiques entraînant l’insécurité alimentaire d’une part considérable de la population mondiale. Elle ne doit pourtant pas nous empêcher de préparer l’après.

Covid ou pas, les conditions historiques ayant permis au système alimentaire industrialisé de prospérer sont tout sauf garanties pour les années à venir. Il est indispensable de développer la résilience de notre système alimentaire.

Lire l’article de "Les Greniers d’Abondance"